Ergonomie au travail : une réduction significative des douleurs musculosquelettiques !

Aujourd’hui, près d’un tiers de la population mondiale souffre de troubles musculosquelettiques (TMS). Ces douleurs qui touchent le dos, la nuque, les épaules ou encore les poignets ne concernent pas que les sportifs ou les seniors. Les travailleurs sont en première ligne, en particulier ceux exerçant des métiers manuels ou répétitifs.
D’après les données d’une étude récente menée auprès de salariés des usines automobiles, 66,5 % souffrent de douleurs lombaires, 58 % de douleurs au cou et aux épaules, et 23 % de troubles des membres supérieurs (bras, poignets, coudes). Au-delà de la douleur, ces troubles ont des conséquences lourdes : absentéisme, baisse de productivité, invalidité, voire dans certains cas des répercussions sur la santé mentale et les maladies chroniques.
Une industrie sous tension musculosquelettique
Des chercheurs de l’université de Pékin ont choisi d’étudier un autre secteur particulièrement exposé : l’industrie de fabrication de véhicules ferroviaires. Ces ouvriers assemblent chaque jour des éléments lourds et complexes : câblages, sièges, panneaux, portes… Leurs gestes sont souvent répétitifs, réalisés dans des positions contraignantes, avec parfois des vibrations, des efforts intenses et un stress important.
Avant intervention de l’étude, 53 % des travailleurs présentaient déjà des douleurs musculosquelettiques sur au moins une zone du corps. Le cou, les épaules, le bas du dos et les poignets étaient les zones les plus touchées.
Une intervention ergonomique complète et sur-mesure
L’étude s’est appuyée sur une méthode originale, combinant plusieurs actions simultanées pendant un an sur les 181 ouvriers de l’usine :
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Des formations ergonomiques trimestrielles animées par des spécialistes, pour apprendre aux salariés à adopter de meilleures postures, à ajuster leur poste de travail, à gérer les charges et à pratiquer des micro-pauses.
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Une brochure pédagogique distribuée à chaque participant, illustrant les bonnes postures et les gestes à éviter dans des situations concrètes.
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Des outils adaptés : notamment des repose-pieds réglables permettant d’adapter la hauteur de travail et de réduire les positions inconfortables.
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Un suivi régulier de l’application des mesures pour garantir la continuité et l’efficacité des changements.
Contrairement à de nombreuses études qui se limitent à une seule action (formation seule ou changement de matériel seul), ici l'approche était globale, intégrant à la fois l’individu, la technologie et l’organisation.
Des résultats encourageants après un an
Après 12 mois d’application des actions précédemment énumérées, la prévalence des douleurs est passée de 53 % à 37 % chez ces ouvriers. Les douleurs au niveau du cou, des épaules, du bas du dos, des poignets et des genoux ont toutes diminué de manière significative, avec des réductions pouvant atteindre 25 %. L’intensité des douleurs, leur durée et leur fréquence ont également fortement baissé dans l’ensemble des zones étudiées, incluant le cou, le dos, les épaules, les poignets, les hanches, les genoux et les chevilles. Par ailleurs, les mesures objectives des postures et des contraintes physiques ont montré une nette amélioration grâce aux outils d’évaluation ergonomique utilisés.
Pourquoi ça marche ?
L’étude met en lumière un point essentiel : les TMS sont multifactoriels. Ils ne dépendent pas uniquement de la posture mais aussi du stress, du rythme de travail, du manque de récupération et des outils à disposition. Agir sur plusieurs facteurs simultanément permet de rompre ce cercle vicieux.
Les chercheurs insistent sur plusieurs éléments clés du succès :
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Former régulièrement pour ancrer les bonnes pratiques.
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Adapter le matériel aux caractéristiques physiques de chacun.
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Impliquer les salariés et la hiérarchie pour garantir l’adhésion et la pérennité des changements.
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Suivre et ajuster les mesures dans la durée.
Et en France ?
En France aussi, les troubles musculosquelettiques représentent la première cause de maladie professionnelle indemnisée. Ils représentent à eux seuls plus de 87 % des maladies professionnelles reconnues.
Des démarches ergonomiques inspirées de ce type d’étude peuvent donc être adaptées dans de nombreuses entreprises françaises, et pas uniquement dans l’industrie lourde. Tous les secteurs sont concernés : artisanat, santé, informatique, commerce, logistique, etc.