Les chiropracteurs français dressent le portrait de leur profession


Une première enquête nationale menée par l’Institut Franco-Européen de Chiropraxie (IFEC) dresse un état des lieux inédit de la chiropraxie en France. Publiée dans la revue scientifique Chiropractic & Manual Therapies, cette étude vise à mieux comprendre qui sont les chiropracteurs français, comment ils exercent et quelle est leur place dans le système de santé. À travers un questionnaire adressé à plus de 1 000 praticiens, les auteurs offrent une photographie complète d’une profession encore jeune, mais en pleine structuration.

Un contexte de santé publique marqué par les troubles musculosquelettiques

Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent aujourd’hui la première cause d’invalidité dans le monde, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé et du ministère français de la Santé. En France, ils représentent un enjeu majeur de santé publique, touchant particulièrement la population active et les seniors. Face à cette hausse des douleurs rachidiennes et articulaires, les recommandations internationales, notamment celles de l’OMS et de la Haute Autorité de Santé, insistent sur la nécessité d’approches non-médicamenteuses : éducation, exercice, et thérapies manuelles.

C’est dans ce cadre que la chiropraxie, reconnue légalement en France depuis 2002, s’affirme comme une discipline à part entière. Les chiropracteurs sont autorisés à poser un diagnostic ainsi qu’à traiter les troubles fonctionnels et pathologiques du système musculosquelettique et à orienter leurs patients vers d’autres professionnels si nécessaire.

Une profession jeune, féminisée et bien formée

L’étude menée entre février et avril 2023 auprès de 1 067 chiropracteurs enregistrés en France a recueilli un taux de réponse élevé de 46,4 %. Le profil qui s’en dégage est celui d’une profession jeune : 81 % des répondants ont obtenu leur diplôme au cours des 15 dernières années et l’âge moyen des praticiens est de 34,9 ans. La chiropraxie française est également largement féminisée, avec près de 68 % de femmes exerçant.

La quasi-totalité des praticiens (94,5 %) sont diplômés de l’Institut Franco-Européen de Chiropraxie (IFEC), seul établissement agréé en France. Environ un chiropracteur sur cinq possède un diplôme universitaire supplémentaire, le plus souvent un master ou un doctorat obtenu en partenariat avec l’université Paris-Saclay. Plus de 80 % ont participé à au moins une formation continue dans l’année, témoignant d’un engagement fort dans la mise à jour des connaissances scientifiques.

Des pratiques centrées sur la prise en charge globale du patient

Les résultats confirment que les patients consultent majoritairement pour des douleurs de la colonne vertébrale : lombalgies, cervicalgies et douleurs pelviennes arrivent en tête des motifs de consultation. Ces troubles concernent surtout les adultes entre 25 et 64 ans, qui représentent la majorité des patients. Les consultations pédiatriques restent minoritaires, même si certains chiropracteurs se spécialisent dans ce domaine.

Sur le plan thérapeutique, la grande majorité des praticiens associent plusieurs approches : manipulations articulaires (93,5 %), techniques myofasciales, exercices thérapeutiques, et conseils personnalisés sur l’activité physique, le sommeil ou la posture. Près de 86 % déclarent fournir systématiquement des informations éducatives à leurs patients. Ces pratiques sont conformes aux recommandations internationales, qui encouragent la combinaison de soins manuels, d’exercices et d’éducation pour une meilleure gestion des douleurs musculosquelettiques.

Des soins accessibles mais encore peu intégrés au système de santé

L’étude révèle que les honoraires moyens se situent entre 41 et 70 euros pour une première consultation, et entre 41 et 60 euros pour les suivantes. Si certains assureurs privés remboursent une partie des actes, la chiropraxie ne bénéficie pas d’un remboursement par l’Assurance Maladie. 

Les chiropracteurs exercent principalement en cabinet privé seuls (42 %) ou en collaboration avec d’autres praticiens (54 %), et 27 % d’entre eux travaillent dans un cadre pluridisciplinaire, aux côtés de médecins, kinésithérapeutes et podologues. La collaboration avec les autres professionnels de santé progresse : près des deux tiers adressent régulièrement des patients à leur médecin traitant ou à un kinésithérapeute, mais peu reçoivent de prescriptions en retour. Seuls 10 % déclarent recevoir fréquemment des patients envoyés par un médecin généraliste, un taux bien inférieur à celui observé en Suisse ou au Danemark, où la chiropraxie est mieux intégrée au système de soins.

Une profession en quête de reconnaissance et de coopération

Cette étude met en lumière une réalité contrastée : les chiropracteurs français participent activement à la prise en charge des douleurs musculosquelettiques, mais leur contribution reste encore méconnue dans le système de santé. Le manque d’information des autres professions médicales sur la formation et les compétences des chiropracteurs freine les échanges et les orientations croisées. Pourtant, les auteurs rappellent que dans les pays où la chiropraxie est intégrée à l’université publique et aux structures hospitalières comme la Suisse, le Canada ou le Danemark, les collaborations interprofessionnelles sont beaucoup plus fluides.

Vers une meilleure intégration des chiropracteurs dans le système de santé ?

Les chercheurs appellent à poursuivre les travaux sur la place de la chiropraxie dans le système de soins français, notamment pour évaluer son impact sur la santé publique et l’accès aux soins non médicamenteux. Dans un contexte où les douleurs rachidiennes figurent parmi les principales causes d’arrêt de travail et de handicap, la reconnaissance du rôle des chiropracteurs pourrait contribuer à désengorger les filières médicales et à améliorer la qualité de vie des patients.

Comme le conclut l’étude, la chiropraxie française, « jeune, féminisée et fondée sur des pratiques conformes aux données probantes », est prête à jouer un rôle majeur dans la réponse aux besoins croissants de rééducation et de prévention des troubles musculosquelettiques


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