Soulager la douleur du genou grâce à la manipulation vertébrale : une étude confirme son efficacité sur le syndrome fémoro-patellaire
Et si la douleur du genou trouvait parfois son origine dans le bas du dos ? C’est l’hypothèse qu’ont voulu vérifier des chercheurs coréens dans une étude publiée en 2025 dans la revue scientifique Complementary Therapies in Medicine. Leur objectif était de mesurer les effets d’une manipulation vertébrale lombaire, une technique couramment utilisée en chiropraxie, sur des patients souffrant d’un syndrome fémoro-patellaire, plus connu sous le nom de syndrome rotulien.
Le syndrome rotulien, une pathologie du genou fréquente
Dans de nombreux cas, le SFP est causé par des activités physiques vigoureuses qui exercent un impact répété sur le genou, comme le jogging, les accroupissements et la montée d'escaliers. Il peut également être causé par un changement soudain dans l'activité physique. Ce changement peut concerner la fréquence de l'activité, comme l'augmentation du nombre de jours d'exercice par semaine. Il peut aussi s’agir de la durée ou l'intensité de l'activité, comme la course à pied sur de longues distances. Si elle est souvent bénigne au départ, cette affection peut devenir chronique et mener à une usure prématurée du cartilage rotulien, appelée chondromalacie, voire à une arthrose précoce.
Pourquoi les traitements habituels montrent parfois leurs limites
Les chercheurs expliquent que le traitement classique repose le plus souvent sur le renforcement du quadriceps, le port d’orthèses plantaires ou encore l’utilisation de bandes de taping. Ces approches visent à améliorer la stabilité de la rotule et à soulager la douleur. Mais leur efficacité reste variable, notamment à cause d’un phénomène appelé inhibition musculaire arthrogène. Lorsque la douleur est présente, elle empêche le muscle de se contracter pleinement. Le quadriceps, pourtant essentiel au bon fonctionnement du genou, reste alors “freiné” dans son action, ce qui entretient le cercle vicieux douleur-faiblesse.
Du bas du dos au genou : une mécanique corporelle interconnectée
Pour comprendre ce lien, il faut revenir à la physiologie du corps humain.
Le nerf fémoral, qui commande le quadriceps, le grand muscle de la cuisse, prend naissance au niveau des vertèbres lombaires L2 à L4. Si la mobilité ou les signaux nerveux à ce niveau sont perturbés, cela peut modifier la façon dont le muscle se contracte. Autrement dit, un dysfonctionnement lombaire peut avoir des répercussions à distance, sur le genou.
Une étude coréenne rigoureuse
L’étude coréenne a inclus trente participants présentant un syndrome fémoro-patellaire.
Les volontaires ont été répartis en deux groupes : un groupe ayant reçu une manipulation vertébrale ciblant les vertèbres lombaires L2 à L4, et un groupe témoin ayant bénéficié d’une intervention placebo sans mobilisation réelle. Chaque patient a suivi huit séances réparties sur quatre semaines, à raison de deux par semaine.
Avant et après le traitement, les chercheurs ont évalué plusieurs paramètres : la tolérance à la pression douloureuse sur le quadriceps, la force musculaire, la proprioception (c’est-à-dire la perception de la position du genou dans l’espace) et l’équilibre dynamique qui est de maintenir son équilibre tout en étant en mouvement.
Des résultats encourageants
Les participants ayant bénéficié des manipulations vertébrales ont significativement amélioré leur seuil de tolérance à la douleur. Ils supportaient mieux la pression sur la cuisse et ressentaient moins de gêne. Leur force musculaire s’est également accrue de manière notable, bien plus que dans le groupe placebo.
En revanche, les effets sur la proprioception et l’équilibre n’étaient pas statistiquement différents entre les deux groupes.
Comment agit la manipulation vertébrale ?
Contrairement à une idée reçue, la manipulation vertébrale n’a pas pour objectif de “remettre le dos en place”. Elle agit d’abord sur le système nerveux. En stimulant les récepteurs situés autour des articulations vertébrales, elle modifie les signaux sensoriels envoyés au cerveau et à la moelle épinière. Cette stimulation entraîne plusieurs effets bénéfiques : elle module la perception de la douleur, améliore le contrôle moteur et réduit les inhibitions réflexes liées à la douleur articulaire.
La chiropraxie : une approche globale au service du mouvement
La chiropraxie aborde le corps dans sa globalité et propose une approche multimodale : de la thérapie manuelle (mobilisation et manipulation articulaire, travail musculaire,…), des explications sur la survenue des douleurs, la mise en place de conseils et d’exercices afin de soulager le patient ainsi que de l’accompagner vers une meilleure santé musculosquelettique.
Cette prise en charge fonctionnelle et personnalisée correspond aux recommandations de la Haute Autorité de Santé, qui encourage les approches actives pour le traitement des douleurs musculosquelettiques chroniques.