Dix idées reçues sur le mal de dos chez les seniors : ce que la science nous apprend


Le mal de dos est l'une des principales causes de douleur et de perte d’autonomie chez les personnes âgées. Pourtant, une grande partie des croyances qui entourent ces douleurs repose sur des mythes, et ces fausses idées peuvent conduire à une prise en charge inadaptée et des mauvaises habitudes pour soulager la douleur.  Une étude récente publiée dans la revue Chiropractic & Manual Therapies en 2025, dresse la liste de dix mythes tenaces sur les douleurs lombaires chez les seniors. Ces idées reçues alimentent la peur du mouvement, favorisent la surmédicalisation et peuvent aggraver la douleur. Le point dans cet article. 

1. “Avoir mal au dos, c’est normal quand on vieillit”

Faux. Si le mal de dos est fréquent avec l’âge, il n’est pas une fatalité. Les études montrent que la prévalence du mal de dos augmente jusqu’à environ 60 ans, puis se stabilise, voire diminue. Ce n’est donc pas “l’usure” naturelle qui provoque la douleur, mais une combinaison de facteurs : fatigue, stress, surmenage, activité professionnelle éprouvante, manque d’activité physique, posture prolongée, …
Bouger, entretenir sa souplesse et sa force musculaire reste la meilleure prévention.

2. “Chez les plus de 65 ans, le mal de dos cache toujours une maladie grave”

Faux. Moins de 5 % des douleurs lombaires des seniors sont liées à une pathologie grave (comme une fracture, une infection ou un cancer). La grande majorité correspond à des douleurs dites “non spécifiques”, c’est-à-dire sans cause identifiable précise. Cela ne veut pas dire qu’elles sont imaginaires, les douleurs sont réelles mais celles-ci ne sont pas liées à une pathologie, mais plutôt à des déséquilibres fonctionnels.

3. “À partir de 50 ans, il faut faire une radio ou un scanner dès qu’on a mal au dos”

Faux. L’imagerie n’est utile que lorsqu’il existe des “signes d’alerte” (perte de poids, antécédents de cancer, fièvre, traumatisme récent…). En dehors de ces cas, les examens d’imagerie risquent surtout de montrer des “anomalies” liées au vieillissement (disques amincis, arthrose, calcifications…) sans rapport direct avec la douleur.cCes résultats peuvent même inquiéter inutilement le patient et conduire à des soins inutiles.

4. “Quand on a mal au dos, il ne faut surtout pas bouger”

Faux. Dans la très grande majorité des cas, l’inactivité aggrave les douleurs et ralentit la guérison. Les spécialistes rappellent que “le mouvement, c’est le meilleur des médicaments”. Marcher, jardiner, ou faire des exercices doux permet de nourrir les disques vertébraux et de maintenir la mobilité. Même si certaines activités déclenchent un inconfort, elles ne sont pas dangereuses pour le dos.

5. “Le repos au lit est recommandé”

Faux. Le repos prolongé entraîne rapidement une fonte musculaire, une perte d’équilibre et un risque accru de chute. Chez les seniors, il peut aussi favoriser la rigidité articulaire et les complications circulatoires.
L’activité adaptée reste la meilleure stratégie pour préserver l’autonomie et réduire la douleur.

6. “Les médicaments doivent être le premier réflexe”

Faux. Les traitements médicamenteux (antalgiques, anti-inflammatoires, myorelaxants) ont une efficacité limitée et des effets secondaires potentiellement graves chez les personnes âgées (troubles digestifs, vertiges, interactions médicamenteuses). Les recommandations internationales, dont celles de l’OMS et de la Haute Autorité de Santé,  encouragent à privilégier les approches non médicamenteuses : activité physique, éducation à la douleur et thérapies manuelles.

7. “La chirurgie est la solution pour les douleurs lombaires chroniques”

Faux, sauf cas particuliers. Les chirurgies du dos sont parfois indiquées lorsqu’il existe une compression nerveuse importante (sciatique paralysante, canal lombaire rétréci sévère), mais dans la grande majorité des cas il est préférable de privilégier une approche conservatrice Les interventions exposent à des complications (infections, perte d’autonomie, thromboses) surtout chez les seniors

8. “La douleur chronique vient forcément d’une lésion”

Faux. La douleur n’est pas toujours proportionnelle aux constatations faites lors d’imageries (radio, scanner, IRM). De nombreuses personnes sans douleur présentent des anomalies à l’imagerie. Le mal de dos chronique résulte d’une multitude de facteurs dont notamment : la peur de bouger, la dépression, le stress, le manque de sommeil,… C’est pourquoi la prise en charge doit inclure : une écoute attentive, des explications sur la douleur, des conseils, des exercices, de la thérapie manuelle (incluant : massages, manipulations articulaires) qui peuvent être proposés. 

9. “Les infiltrations et les blocs nerveux sont très efficaces”

Faux. Elles doivent rester exceptionnelles et être réalisées après échec des traitements conservateurs. En effet, leurs effets sont discutables et elles ne sont pas indiquées pour tous les patients en raison des effets secondaires potentiels. 

10. “Les hernies discales expliquent toujours la sciatique chez les seniors”

Faux. Les hernies discales sont surtout fréquentes entre 30 et 50 ans. Avec l’âge, les disques se déshydratent et se rigidifient, ce qui réduit les risques de douleurs liées à celles-ci. Chez les personnes âgées, les douleurs de jambe sont plus souvent liées à une arthrose ou à un canal lombaire étroit. Une bonne évaluation clinique permet généralement d’en identifier l’origine et permet de limiter le recours aux examens complémentaires tel que les scanners.

Pourquoi ces mythes persistent-ils ?

Ces fausses croyances sont entretenues par la peur ou encore un manque d’information. Elles peuvent mener à une médicalisation excessive du dos : trop d’imageries, trop de médicaments, trop d’interventions invasives. Selon le Dr Ammendolia, cela coûte cher à la société et aggrave parfois le handicap. Il plaide pour une approche plus rationnelle : éducation, mouvement, accompagnement global et interdisciplinarité (médecin, thérapeutes manuels, exercices, psychologue…).


Articles similaires

Derniers articles

Les chiropracteurs français dressent le portrait de leur profession

Soulager la douleur du genou grâce à la manipulation vertébrale : une étude confirme son efficacité sur le syndrome fémoro-patellaire

Quels sports pratiquer quand on souffre d’arthrose du genou ?

Catégories


Création et référencement du site par Simplébo Simplébo

Connexion