Anabolisants et réseaux sociaux : attention aux risques pour la santé musculosquelettique

L'exposition massive aux modèles corporels hyper musclés diffusés sur les réseaux sociaux pousse de plus en plus d'hommes et d'adolescents à recourir à des substances dopantes telles que les stéroïdes anabolisants. Au-delà des impacts psychologiques, cette tendance fait peser de lourdes menaces sur la santé musculosquelettique, augmentant notamment les risques de blessures graves et de pathologies articulaires précoces.

Aujourd'hui, Instagram, TikTok ou Facebook regorgent d'images de physiques impressionnants : muscles hypertrophiés, silhouettes en V, taux de masse grasse extrêmement bas. Ces représentations, souvent retouchées ou obtenues au prix d’aides chimiques, imposent des standards irréalistes, particulièrement auprès des jeunes.

Une étude récente publiée dans Psychology of Men & Masculinities (Beos, Kemps & Prichard, 2024) démontre que l'exposition répétée à ces images idéalisées est directement corrélée à une image corporelle négative et à un risque accru de recours aux stéroïdes anabolisants.

L'analyse des données montre que plus un homme passe de temps à consommer du contenu centré sur l'apparence physique, plus son insatisfaction corporelle augmente. Cet état de mal-être constitue un facteur de risque majeur vers l’usage de substances telles que les stéroïdes anabolisants.

Les comportements apparemment anodins — tels que poster des selfies ou suivre des comptes de « bodybuilding » — sont eux aussi associés à une dégradation de l’image de soi. Les chercheurs précisent que l'effet est cumulatif : l’exposition répétée multiplie le risque.

Ce phénomène ne touche plus seulement les sportifs professionnels : il concerne désormais un public de plus en plus jeune, parfois encore lycéen ou étudiant.

Ces conclusions sont corroborées par une étude réalisée à Palerme (Italie) en 2017 auprès d’adolescents fréquentant des salles de sport. Parmi 120 jeunes interrogés (16-19 ans), 24 % déclaraient utiliser des stéroïdes, un chiffre particulièrement élevé en comparaison internationale.

Les utilisateurs de stéroïdes rapportaient plus fréquemment des pensées suicidaires (7,2 %) et adoptaient des comportements sexuels à risque. Sur le plan psychologique, ils se caractérisaient par une autodépréciation marquée, une mauvaise gestion du stress et une méfiance sociale exacerbée.

Au-delà des effets psychologiques et hormonaux, les stéroïdes anabolisants exposent à des risques graves pour le système musculosquelettique :

• Ruptures tendineuses : Les tendons, moins adaptables que les muscles hypertrophiés sous l'effet des stéroïdes, sont fragilisés, augmentant le risque de ruptures majeures (tendon d’Achille, biceps).

• Dégradation articulaire : L'usage prolongé accélère la dégradation du cartilage articulaire, favorisant arthrose précoce et douleurs chroniques.

• Troubles de la croissance : Chez les adolescents, les stéroïdes peuvent entraîner la fermeture prématurée des cartilages de croissance, limitant irrémédiablement la taille adulte.

• Instabilités et blessures articulaires : La croissance musculaire déséquilibrée accroît le risque d’entorses, de subluxations et d'instabilités chroniques.

Il est essentiel de rappeler que les images diffusées sur les réseaux sociaux ne reflètent pas la réalité. Nombre d’entre elles sont retouchées ou résultent de pratiques dopantes non avouées.

Comparer son corps à ces standards inatteignables est non seulement vain, mais peut entraîner des dommages psychologiques et physiques durables.

La véritable réussite ne réside pas dans l’imitation d’un modèle esthétique éphémère, mais dans la construction d’un corps fonctionnel, mobile et en bonne santé.

Cet objectif repose sur des piliers simples :

• Pratique régulière d'une activité physique raisonnée,

• Alimentation équilibrée,

• Repos suffisant,

• Patience et respect de soi.

Construire un corps sain est un projet de long terme, fondé sur le bien-être, la prévention des blessures et le maintien de l’autonomie fonctionnelle.