3 questions à Hélia Hakimi-Prévot, journaliste médicale, autrice du livre "La vérité sur l'obésité", édition Robert Laffont


« Mon ouvrage permet à toutes les personnes en surpoids ou en obésité de trouver des
solutions pour mieux se sentir dans leur tête et dans leur corps »

Pourquoi avez-vous dédié un livre à l'obésité ?

Hélia Hakimi-Prévot : Dans le cadre de ma collaboration, en tant que journaliste, pour le Quotidien du Médecin, cela fait plusieurs années que je rédige des articles sur l'obésité. Je me suis intéressée à cette maladie chronique parce qu'elle concerne beaucoup de personnes. Actuellement, près d'un Français sur deux présente une surcharge pondérale (surpoids ou obésité). Plus de 8,5 millions de Français souffrent d'obésité. La situation ne fait qu’empirer : depuis une vingtaine d’années, le nombre de personnes concernées par l’obésité a presque doublé. 

Cette pathologie -en pleine expansion- reste mal prise en charge et les idées reçues sur les personnes en situation d'obésité sont nombreuses. Le grand public pensent - et parfois, certains professionnels de santé -, encore aujourd'hui, que les personnes obèses sont responsables de leur poids. Ils estiment qu'elles sont paresseuses, bêtes et gloutonnes. Il faut combattre ces idées reçues ! En effet, ne devient pas obèse qui veut ! Pour développer cette maladie, il faut avoir des gènes de prédisposition. Néanmoins, ces gènes ne s'expriment que dans un environnement favorable : alimentation trop grasse, trop sucrée, trop calorique ; manque d'activité physique ; sédentarité ; stress chronique ; troubles du sommeil ; problèmes psychiques ; troubles du comportement alimentaire... Par ailleurs, les régimes restrictifs en calories doivent être bannis : au final, ils font prendre plus de kilos que le poids initial. Enfin, il n'existe aucune méthode miraculeuse pour perdre du poids en un temps record. C'est pour mettre fin à toutes ces idées reçues que j'ai souhaité écrire un livre sur l'obésité (causes, prévention, traitements et pistes de recherche). Mon ouvrage permet à toutes les personnes en surpoids ou en obésité de trouver des solutions concrètes pour mieux se sentir dans leur tête et dans leur corps.

Si vous ne deviez retenir qu’un conseil, duquel s’agirait-il ?

Hélia Hakimi-Prévot : Les personnes présentant un surpoids ou une obésité ne doivent pas rester seules. Elles doivent être prises en charge de façon globale par une équipe pluridisciplinaire : médecin généraliste et/ou spécialiste de l'obésité, diététicien, coach sportif, psychologue ou psychiatre, assistant social, kinésithérapeuthe et chiropracteur, si nécessaire... Par ailleurs, le rééquilibrage alimentaire personnalisé (avec l'aide d' un médecin nutritionniste ou d'un diététicien) et la pratique d’une activité physique régulière sont indispensables. L'activité physique est bénéfique pour tous : que l’on ait une corpulence normale ou que l’on soit atteint d'obésité. Il n’existe aucune autre méthode non-médicamenteuse aussi efficace afin d’agir positivement sur notre santé. ! Pour les personnes atteintes d'obésité, elle permet notamment de limiter l’apparition ou les complications des nombreuses maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires...) pouvant être associées à leur pathologie. 

L’OMS englobe dans l'activité physique, les loisirs, les déplacements dits actifs (marche, vélo…), les activités professionnelles, les tâches ménagères, les activités ludiques, les sports ou l’exercice planifié, dans le contexte quotidien familial ou communautaire.  En effet, des études effectuées chez des personnes en situation d’obésité  montrent que celles-ci doivent pratiquer au moins deux fois plus d'activité physique que celle recommandée à la population générale pour stabiliser leur perte de poids. Ainsi, dans un contexte d’alimentation occidentale, un adulte atteint l'obésité devrait pratiquer, chaque jour, une heure d'activité physique d'intensité modérée à élevée au moins cinq fois par semaine soit le double des recommandations minimum de santé. publique pour le reste de la population adulte. La Haute Autorité de santé leur conseille d’effectuer 60 à 90 minutes d'activité physique par jour pour éviter de reprendre du poids. 

Malheureusement, beaucoup de personnes en situation d'obésité ne peuvent pratiquer autant d'activité physique. Il faut donc adapter celle-ci à l'état de santé de chaque personne. Car une activité physique, même minime, reste intéressante pour la santé. Enfin, il ne suffit pas d’avoir une activité physique : il est nécessaire, en outre, de limiter les comportements sédentaires. C'est-à-dire, toutes les activités effectuées en position assise ou allongée.

Selon vous, quelle peut-être la place des chiropracteurs dans la prise en charge des personnes en surpoids ou en obésité ?

Hélia Hakimi-Prévot : Le surpoids, et a fortiori, l’obésité sont associés à une plus forte prévalence des troubles musculosquelettiques. La surcharge mécanique induite par l’obésité favorise la survenue et l’entretien de certaines douleurs, en particulier au niveau des genoux. Dans le même temps, l’obésité, et les douleurs qu’elle engendre, contribuent à modifier les fonctions motrices en particulier la marche. C’est un véritable cercle vicieux puisque les déséquilibres d’appui à la marche vont eux-mêmes alimenter la douleur… et tenir les personnes en situation d’obésité éloignées de l’activité physique. Face à cet amer constat, les chiropracteurs ont un rôle à jouer auprès d’elles en termes de réduction de la douleur et d’amélioration de la mobilité articulaire, favorisant la reprise d’une activité physique. 

Plus généralement, la stigmatisation dont sont victimes les personnes en situation d’obésité peut être un facteur de renoncement aux soins. Dans ce contexte, il est essentiel de sensibiliser tous les professionnels de la santé sur ces questions. C’est un enjeu majeur de santé publique que de voir les personnes en surpoids ou en obésité renouer avec le soin. Les chiropracteurs, en ce qu’ils sont appelés à prendre en charge les douleurs articulaires en première intention, ont à mon sens un rôle d’orientation à jouer dans le parcours de soin. Pour une prise en charge optimale des patients en situation d'obésité, les chiropracteurs doivent travailler en étroite collaboration avec le médecin généraliste et/ ou l'équipe médicale qui les suit.


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