L’Association française de chiropraxie condamne toutes formes de dérives thérapeutiques et rappelle sa volonté d’un renforcement du cadre d’exercice de la chiropraxie


Le Figaro publiait le 21 mai dernier un article sur Joe Dispenza, un conférencier diplômé en chiropraxie, « flirtant dangereusement avec le nouveau délit d’incitation à l’abandon de soin inscrit dans la loi », détaille le journaliste Etienne Jacob, auteur de l’ouvrage remarqué « La France des gourous ». Après s’être documenté sur le site internet de Joe Dispenza, l’AFC, qui méconnaissait les publications de cet homme ne se réclamant plus de la chiropraxie, condamne fermement ses pratiques. 

L’AFC appelle le grand public à la vigilance vis-à-vis de toute forme de dérive thérapeutique pouvant conduire à une perte de chance (retard diagnostic, abandon de soin…) et les autorités compétentes à prendre toutes mesures de nature à protéger les patients. 

L’AFC regrette enfin que ce conférencier, diplômé en chiropraxie, jette l’opprobre sur une profession réglementée du champ de la santé. 

L’association française de chiropraxie rappelle qu’en France, la chiropraxie est reconnue et encadrée par le ministère de la santé.

Conformément aux dispositions de l’article 1 du décret n° 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie :

 

Les praticiens justifiant d'un titre de chiropracteur sont autorisés à pratiquer des actes de manipulation et mobilisation manuelles, instrumentales ou assistées mécaniquement, directes et indirectes, avec ou sans vecteur de force, ayant pour seul but de prévenir ou de remédier à des troubles de l'appareil locomoteur du corps humain et de leurs conséquences, en particulier au niveau du rachis, à l'exclusion des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agents physiques. Ils exercent dans le respect des recommandations de bonnes pratiques établies par la Haute Autorité de santé.

Ces actes de manipulation et mobilisation sont neuro-musculo-squelettiques, exclusivement externes. Ils peuvent être complétés par des conseils ou des techniques non invasives, conservatrices et non médicamenteuses à visée antalgique.

Le présent texte est complété par l’arrêté du 13 février 2018 relatif à la formation en chiropraxie

Cet arrêté détaille dans un référentiel les compétences et activités du chiropracteur, ainsi que le contenu de la formation du chiropracteur, laquelle est dispensée dans une école, l’Institut franco-européen de chiropraxie, agréée par les ministères chargés de la Santé et de l’Enseignement supérieur. 

Au bénéfice des patients, l’Association française de chiropraxie rappelle son engagement en faveur d’une pratique professionnelle fondée sur la science et toujours mieux encadrée

Nulle profession n’est à l’abri du dévoiement, thérapeutique ou commercial de sa pratique. C’est dans cette perspective que la plupart des professions libérales réglementées sont dotées de règles déontologiques légalement opposables et d’une obligation de formation continue. 

L’AFC est proactive en la matière et ses adhérents s’engagent à respecter le code de déontologie de l’association. 

Parce qu’il faut aller plus loin, l’AFC porte avec constance, auprès des autorités compétentes sa volonté de renforcer le cadre d’exercice de la chiropraxie par :

  • la mise en place de règles professionnelles, essentielles pour prévenir les dérives thérapeutiques et commerciales

  • le déploiement effectif de l’obligation de formation continue, qui est prévu par la loi, indispensable au développement de pratiques professionnelles fondées sur les données scientifiques les plus récentes. 

Les chiropracteurs apportent une réponse sécuritaire, scientifiquement établie, à des affections musculosquelettiques fréquentes

Dans son article d’utilité publique, Le Figaro mentionne une fiche du ministère de la santé datée de juin 2013 (et non 2023). Dans ce rapport, les autorités établissent que «les réponses apportées par la chiropraxie pourraient être efficaces dans les lombalgies aiguës et subaiguës», des «études rigoureuses sur le plan de la méthodologie sont nécessaires pour établir cette efficacité avec certitude et évaluer plus précisément les risques. Des événements indésirables rares mais d'une extrême gravité peuvent survenir, surtout lors de manipulations des vertèbres cervicales». 

Depuis, des études scientifiques rigoureuses ont apporté un nouvel éclairage sur les techniques de soins pratiquées par les chiropracteurs. 

Sur la sécurité de la chiropraxie pour les patients

L’étude la plus récente, en 2023, fait état d’un risque, pour 10 millions de consultations avec manipulations vertébrales, de seulement 21 cas d’effet secondaire grave (Sci Rep 13, 1254 (2023)). Par ailleurs, il n’existe pas de risque spécifique de dissection artérielle après une consultation chez le chiropracteur : le risque de dissection artérielle interviendrait dans la même mesure après une consultation chez le médecin généraliste et pour les mêmes raisons, c’est-à-dire qu’un tel risque ne serait pas lié à la consultation elle-même, mais aux symptômes précoces de cette dissection qui conduisent le patient en consultation (maux de tête et douleurs cervicales) (Eur Spine J. 2008 Apr; 17(Suppl 1): 176–183). Ainsi, il est fait état par le journaliste « d’un cas en France qui [symboliserait] » « les manipulations dangereuses ». Il s’agirait, en 2019, d’une femme de 34 ans qui aurait consulté pour des douleurs au cou et serait devenue tétraplégique, sous-entendu, en raison des manipulations cervicales effectuées par le chiropracteur. Il semble important de porter à la connaissance de vos lecteurs et auditeurs que deux Experts judiciaires ont rendu un rapport concluant à l’absence de manipulation fautive du chiropracteur et à l’absence de lien de causalité entre la manipulation cervicale et la dissection artérielle de la patiente.

En outre, les bénéfices de la chiropraxie comparés au rapport bénéfices et risques associés aux traitements médicamenteux pour les mêmes indications ne sont jamais évoqués. En 2020 par exemple, un groupe d’expert a estimé que le risque de déclencher une complication vasculaire suite à des manipulations cervicales est estimé à 0,006% contre 6% pour le paracetamol et plus de 6% (6%-8,67%) pour les anti-inflammatoires non steroïdiens (traitements fréquemment prescrits en première intention par le corps médical) (International Framework for Examination of the Cervical Region for potential of vascular pathologies of the neck prior to Orthopaedic Manual Therapy (OMT) Intervention: International IFOMPT Cervical Framework).

Pour autant, les chiropracteurs sont très attentifs à l’existence de potentiels risques et s’appliquent scrupuleusement à détecter des signes cliniques d’alerte – dits « drapeaux rouges » – qui doivent permettre de déceler une contrindication à la pratique des manipulations cervicales. En France, l’Association française de chiropraxie a établi une note relative à l’évaluation du patient atteint de cervicalgie, guidant la prise de décision thérapeutique en chiropraxie. Cette fiche a été conçue suivant le protocole de la Haute Autorité de Santé, qui lui a accordé son label en 2017. En aucun cas un chiropracteur ne s’adonnerait donc au geste qui apparaît dans la vidéo TikTok illustrant votre reportage, intitulée « Chiropractie de l’extrême ».

Sur l’efficacité des soins dispensés par les chiropracteurs

  • Lombalgie chronique : l’usage des manipulations vertébrales se révèlent efficace en termes de diminution de la douleur et d’amélioration de la mobilité sur la lombalgie chronique comme en témoignent deux revues systématiques récentes publiées en 2019 et 2020 (BMJ 2019;364:l689 ; Spine J. 2020 Oct;20(10):1524-1539).  Plus récemment, une étude de 2022 met en exergue le fait que l’approche chiropratique permet de limiter l’utilisation des anti-inflammatoires, des infiltrations et de réduire les hospitalisations (Chiropractic & Manual Therapies volume 30, Article number: 1 (2022)).

  • Cervicalgie : une revue systématique publiée dans la revue Cochrane, met en évidence que « pour les douleurs cervicales aiguës et subaiguës, les séances multiples de manipulation cervicale ont été plus efficaces que certains médicaments pour améliorer la douleur et la fonction lors du suivi immédiat (un essai, 182 participants, qualité modérée) et à long terme (un essai, 181 participants, qualité modérée) » (Cochrane Database Syst Rev. 2015 Sep 23;(9):CD004249. doi: 10.1002/14651858.CD004249.pub4. PMID: 26397370). 

  • D’autres études confortant l’efficacité des techniques utilisées par les chiropracteurs pourraient être citées concernant, entre autre, la hernie discale lombaire et les radiculopathies (BMJ Open. 2022 Dec 16;12(12):e068262. doi: 10.1136/bmjopen-2022-068262. PMID: 36526306; PMCID: PMC9764600) ; les céphalées cervicogéniques (Eur J Pain. 2019 Jul;23(6):1051-1070. doi: 10.1002/ejp.1374. Epub 2019 Feb 28. PMID: 30707486 ; Eur J Pain. 2019 Jul;23(6):1051-1070. doi: 10.1002/ejp.1374. Epub 2019 Feb 28. PMID: 30707486) ; l’épicondylalgie et les troubles de l’articulation temporo-mandibulaires (Cureus. 15 avril 2020 ; 12(4) :E7682. DOI : 10.7759/cureus.7682. PMID : 32426194 ; PMCID : PMC7228797.) notamment.

Les chiropracteurs et la chiropraxie en France

Les 1900 chiropracteurs sont enregistrés auprès des Agences Régionales de Santé comme tous les autres professionnels de la santé. La chiropraxie, dont l’exercice de professionnel de la santé a été légalisé par la loi du 4 mars 2002 dite “loi Kouchner” est reconnue dans de nombreux pays par les autorités scientifiques et sanitaires (OMS, INSERM, NIH, NICE). La profession a été encadrée et réglementée dès 2011 par des textes visés tant par la HAS, le CNOM et le HCPS.

Les chiropracteurs sont les seuls praticiens non médecins ayant le droit d'effectuer des manipulations cervicales sans certificat de non contre-indication.

Les études de chiropraxie sont exclusivement des études spécifiques de cycle long : temps complet, BAC +5, basées sur une norme internationale et enseignées en France dans une école agréée par le ministère de la Santé.

Il s’agit du seul mode d'enseignement d’une profession de la santé standardisée officiellement dans le monde entier. En France, 4960 heures de cours sont prévues, soit 300 crédits universitaires ECTS.

Les élèves reçoivent un enseignement général proche de celui des étudiants en médecine, en partie dispensé par des docteurs en médecine, des chiropracteurs, des universitaires et des docteurs en recherche (PhD). La formation intègre également une formation pratique clinique encadrée de 1350 heures incluant 300 consultations complètes et validées en centre de soin interne à l’école.

La formation s’accompagne d’un apprentissage sur le terrain grâce à des stages obligatoires en centre hospitalier public ou privé.


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