Polyclinique des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 : retour sur l’efficacité de cette structure médicale pluridisciplinaire


Les Jeux Olympiques et Paralympiques se sont terminés bien trop vite ! Les athlètes du monde entier nous ont fait vibrer cet été, nous offrant des moments inoubliables de compétition et de dépassement de soi. Derrière ces performances exceptionnelles, la polyclinique du Village Olympique a joué un rôle essentiel, véritable centre médical temporaire, elle a rassemblé des professionnels du champ de la santé qui ont répondu aux besoins de plus de 10 000 athlètes venus des quatre coins du monde. 

Cette structure médicale temporaire ultra-moderne a réuni de nombreuses spécialités médicales (radiologues, dermatologues,…) et des thérapeutes spécialisés dans la prise en charge des troubles musculo-squelettiques : des chiropracteurs, des kinésithérapeutes, et des ostéopathes. Retour sur cette structure pluridisciplinaire avec les témoignages de Charlène Chéron, Stéphan Aurimond, Renaud Dejean, chiropracteurs et Lorenzo Martinez, kinésithérapeutes. 

Une infrastructure pluridisciplinaire ultramoderne au service des athlètes

La polyclinique était située au cœur du Village Olympique, ce qui garantissait un accès facile pour les athlètes. Elle était organisée de manière à offrir des soins rapides et coordonnés, avec la collaboration étroite entre les praticiens des différentes spécialités thérapeutiques. Charlène Chéron et Stéphan Aurimond nous expliquent que la polyclinique était répartie sur plusieurs étages : « Les kinésithérapeutes, ostéopathes et les chiropracteurs disposaient de la totalité du 1er étage. Nous avions à disposition 4 grandes salles contenant chacune quatre à cinq tables de traitement, nous disposions aussi de 7 box individuels.

De plus, la clinique disposait de 2 salles de rééducation contenant des équipements classiques tel que des tapis de marche, vélo, élastiques,.. mais aussi des équipements extraordinaires comme par exemple la machine AlterG qui permet de réduire jusqu’à 80% du poids du corps pour aider les athlètes à marcher ou courir sans supporter leur poids. De plus la polyclinique était équipée d’une quinzaine de bains froids très appréciés des athlètes ».

Le rez-de-chaussée abritait des services de diagnostic par IRM et échographies, permettant aux praticiens d'obtenir rapidement des résultats et d’adapter les traitements. Les autres étages étaient destinés aux spécialités médicales : nous pouvions y trouver par exemple des médecins du sport, gynécologues, urologues, ophtalmologues… un service dentaire contenant plusieurs dentistes était aussi présent pendant toute la durée des jeux.

Un modèle de suivi pour les futures organisations olympiques

Lorenzo Martinez, kinésithérapeute espagnol, a occupé le poste de coordinateur des thérapies manuelles/rééducation à la polyclinique. Fort de plusieurs années d'expérience avec l'équipe d'Espagne d’athlétisme et après avoir travaillé aux côtés des athlètes français lors de plusieurs éditions des Jeux Olympiques, Lorenzo Martinez a supervisé le service  des thérapies manuelles/rééducation au sein de la polyclinique. Il a été chargé de veiller à ce que chaque discipline – chiropraxie, kinésithérapie, et ostéopathie – offre des soins optimaux aux athlètes. 

 « Mon rôle consistait aussi à garantir que les stocks de matériel et les équipements fonctionnent parfaitement pour permettre à l'équipe d’offrir les meilleurs soins possibles », explique-t-il. En parallèle, il a également développé un système de suivi des consultations afin de créer un héritage de données utiles pour les futurs Jeux de Los Angeles. « Nous avons collecté des données précises sur les types de soins et le nombre de patients traités, ce qui sera déterminant pour l'organisation des prochains Jeux ».

Les chiros au rendez-vous pour traiter les athlètes olympiques et Paralympiques !

Après une inscription commencée en 2022 pour les Jeux, Stéphan Aurimond, chiropracteur, a été sélectionné pour offrir ses services au sein de la polyclinique des Jeux Olympiques de Paris. Sur la polyclinique il a principalement traité des troubles biomécaniques résultant des entraînements intensifs des athlètes. Il souligne l’intensité des journées à la polyclinique, avec 20 consultations en moyenne par jour. « Les athlètes viennent souvent pour des ajustements de dernière minute avant leurs compétitions, ce qui nous impose une grande rigueur », nous raconte-t-il.

Stéphan explique également que, grâce à l’organisation pluridisciplinaire de la polyclinique, les athlètes pouvaient obtenir des examens complémentaires rapidement : « Si un athlète nécessitait une IRM, cela pouvait être fait dans la journée, ce qui peut s’avérer crucial à ce stade de la compétition». 

Stéphan a souligné à quel point cette infrastructure avait été importante pour certains athlètes : « Certains pays n’ont pas de délégation avec une équipe médicale complète. La polyclinique devient alors leur seul recours pour recevoir des soins essentiels, que ce soit pour des blessures ou des ajustements avant ou après la compétition. » Grâce à cette structure, ils pouvaient bénéficier de soins de qualité, leur offrant les mêmes chances que les autres athlètes qui ont une équipe médicale attitrée derrière eux.

Charlène Chéron, chiropracteure est intervenue à la polyclinique pendant les Jeux Paralympiques où elle a traité de nombreux athlètes. Certains d'entre eux découvraient la chiropraxie. « J’ai notamment soigné des athlètes venus d’Amérique du Sud et d’Afrique, qui étaient parfois peu familiers avec la chiropraxie. Après leur prise en charge, ils étaient très agréablement surpris», raconte-t-elle.

La prise en charge des athlètes durant leurs compétitions représente un défi important « Nous devions trouver rapidement la meilleure stratégie possible pour que l’athlète puisse se sentir le mieux possible lors de son épreuve, c’est dans ces moments là qu'un travail d’équipe entre thérapeutes est primordial et c’est vraiment ce qui a pu être mis en place au sein de la polyclinique ». 

Renaud Dejean : chiro pour la délégation Italienne aux JO de Paris

Renaud Dejean, chiropracteur français installé à Rome, a été chiropracteur sur ces jeux auprès de la  délégation italienne. Depuis 2016, il collabore avec le Comité Olympique Italien, fort de plus de dix ans d'expérience dans le milieu sportif de haut niveau, Renaud a su s'imposer comme un chiropracteur essentiel de l’équipe médicale italienne.

Contrairement à ses collègues travaillant à la polyclinique, Renaud était intégré directement à la délégation italienne, où il prenait en charge les athlètes avant et après leurs épreuves. « Pendant ces Jeux Olympiques, j’ai pris en charge une dizaine d'athlètes par jour. Je m’occupais de deux types de patients : les athlètes que je connaissais, dont je peaufinais la préparation, et ceux que je ne connaissais pas, avec qui je découvrais ce qui pouvait être fait pour les aider à soulager leurs douleurs, ce qui fonctionnait généralement bien »​ nous explique-t-il. 

Travailler au sein de l'équipe italienne lui a permis de collaborer étroitement avec d'autres professionnels de santé. « Le travail en commun avec les médecins est très positif. Dans mon cas, j’étais avec quatre kinésithérapeutes-ostéopathes avec qui je m’entends très bien. On voit qu’il y a des différences de formation et de pratique, mais on s’aide mutuellement pour les patients qui ont besoin de tel ou tel type de traitement », souligne-t-il​

Renaud insiste également sur l'importance de la communication au sein d'une équipe médicale. « C’est très important de s’impliquer dans une bonne communication et un bon respect de tous les collègues. Le respect mutuel est essentiel pour créer une dynamique positive au sein de l’équipe »​.

Les valeurs du sport sont très importantes pour Renaud. Il a travaillé avec l’équipe grecque d’aviron, qu’il a accompagnée aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. « C'était une équipe avec peu de moyens, et par esprit du sport, je me suis donné au maximum pour les aider à réussir. Le sport porte des valeurs incroyables, et cette expérience m’a énormément enrichi », confie-t-il​. Cette mission l’a profondément marquée, car elle lui a permis de soutenir une équipe qui avait peu et qui a réussi à atteindre les jeux olympiques grâce à l’engagement et à la solidarité.

« Travailler à ce niveau demande d’être passionné, car c’est un engagement total. Vous êtes là pour soutenir les athlètes dans les moments décisifs, et c’est cette passion qui vous porte » conclut-il.

Une expérience qui aura marqué les esprits des praticiens

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont marqué tous les praticiens, tant sur le plan professionnel qu'humain. Lorenzo Martinez, Stéphan Aurimond, Charlène Chéron, et Renaud Dejean partagent tous des souvenirs inoubliables où la collaboration et les échanges avec les athlètes ont joué un rôle central.

Pour Lorenzo Martinez, c’est l’esprit d’équipe et les moments de partage avec ses collègues qui ont le plus compté : « Ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas seulement les soins aux athlètes, mais les liens que nous avons tissés entre professionnels, les échanges, les rires et les moments de solidarité ».

Stéphan Aurimond se souvient de l’atmosphère pluridisciplinaire unique de la polyclinique  : « L’approche pluridisciplinaire était vraiment fluide entre tous les praticiens. On pouvait avoir un IRM en quelques heures,  avoir l’avis d’un médecin, d’un kiné, d’un ostéo. L’énergie humaine était aussi incroyable et ça sans interruption malgré l’enjeu d'un tel événement. ».

Charlène Chéron, de son côté, a également été marquée par cette dimension humaine et le lien spécial qu’elle a pu tisser avec les athlètes paralympiques et l’équipe soignante. « Les athlètes sont revenus avec leur médaille et nous partagions cette joie avec l’ensemble de l’équipe. C’était toujours un moment magique ! Nous étions émus par leurs accomplissements et leurs reconnaissances ».

Renaud Dejean, a également été touché par la reconnaissance des athlètes et l’expérience collective vécue avec ses collègues de la délégation italienne. « Travailler avec des athlètes de haut niveau, c’est toujours une aventure intense, mais ce qui en ressort, ce sont les liens que l’on crée avec eux et avec l’équipe ».


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